Ajusteur d'insuline avec flèches de tendance
Comment les flèches de tendance du CGM changent la façon d’ajuster vos médicaments contre le diabète
Vous avez un capteur de glycémie continue (CGM), mais vous ne l’utilisez que pour voir votre chiffre actuel ? Vous n’êtes pas seul. Beaucoup de personnes avec diabète ignorent que les flèches de tendance sur leur écran sont en réalité des signaux d’alerte prédictifs - et qu’elles peuvent vous aider à éviter les hypoglycémies et les hyperglycémies avant qu’elles ne surviennent.
Les flèches ne sont pas décoratives. Elles vous disent si votre glycémie monte vite, descend lentement, ou reste stable. Et selon la direction et la vitesse de cette tendance, vous pouvez ajuster votre dose d’insuline - pas en pourcentage, mais en unités précises. C’est une méthode validée par la Société Endocrinienne en 2017, et elle marche. Des études montrent que ceux qui l’utilisent ont 28 % moins d’épisodes d’hypoglycémie et passent 17 % plus de temps dans leur cible glycémique.
Les huit flèches et ce qu’elles veulent vraiment dire
Votre CGM (Dexcom G5, G6, G7, ou Libre 3) affiche huit flèches différentes. Chacune correspond à un taux de changement de glycémie sur les 15 à 30 prochaines minutes :
- Deux flèches vers le haut (↑↑) : glycémie en hausse rapide (>2 mg/dL par minute)
- Une flèche vers le haut (↑) : glycémie en hausse modérée
- Une flèche plate (→) : glycémie stable
- Une flèche vers le bas (↓) : glycémie en baisse modérée
- Deux flèches vers le bas (↓↓) : glycémie en baisse rapide
Les flèches doubles sont des alertes urgentes. Une ↑↑ avant un repas signifie que votre glycémie va exploser dans 20 minutes - sauf si vous ajustez votre insuline. Une ↓↓ pendant la nuit signifie que vous pourriez tomber à 45 mg/dL avant le réveil - sauf si vous réduisez votre dose d’insuline de fond.
Comment ajuster votre insuline : les règles simples
La méthode recommandée ne demande pas de calcul mental compliqué. Tout repose sur deux choses : votre facteur de correction et la flèche affichée.
Votre facteur de correction est simple : combien de mg/dL une unité d’insuline fait baisser votre glycémie ? Si vous avez un facteur de 1:50, cela veut dire qu’1 unité d’insuline réduit votre glycémie de 50 mg/dL. C’est une valeur que votre équipe soignante vous a donnée.
Voici les ajustements recommandés pour les adultes avec un facteur de 1:50 :
- ↑↑ : +1,2 unité d’insuline
- ↑ : +0,8 unité
- → : pas d’ajustement
- ↓ : -0,8 unité
- ↓↓ : -1,2 unité
Vous appliquez ces ajustements aux doses de correction (si votre glycémie est trop haute) ou aux bolus avant repas. Mais attention : ces ajustements ne remplacent pas le calcul de la dose en fonction des glucides. Vous faites les deux : comptez vos glucides, calculez votre dose de base, puis ajoutez ou retirez selon la flèche.
Pour les enfants, les ajustements sont plus doux : +1,0 / +0,6 / 0 / -0,6 / -1,0 unités. C’est parce que leur sensibilité à l’insuline change plus vite, et qu’ils sont plus vulnérables à l’hypoglycémie.
Quand ne pas suivre les flèches
Les flèches sont puissantes - mais pas parfaites. Elles peuvent vous tromper si vous les lisez au mauvais moment.
Ne les utilisez pas :
- Pendant les 2 premières heures après l’installation d’un nouveau capteur
- Après une perte de signal (l’écran affiche un point d’interrogation)
- Si vous venez de prendre une dose d’insuline il y a moins de 2 heures - vous risquez de « cumuler » l’insuline
- Si vous êtes malade, en stress, ou après un effort intense - les flèches ne tiennent pas compte de ces facteurs
Un utilisateur sur quatre dit avoir eu « paralysie des flèches » - il ne savait pas quoi faire. La solution ? Quand vous êtes incertain, revenez à la méthode classique : mesurez votre glycémie avec une bandelette, et ajustez selon votre facteur de correction sans tenir compte de la flèche. C’est plus sûr.
Les erreurs courantes - et comment les éviter
Beaucoup de personnes pensent que « flèche vers le bas = je dois réduire mon insuline » - et elles le font… sans regarder leur insuline en action.
Exemple : vous avez pris 4 unités d’insuline à 14h. À 17h, votre CGM montre une ↓↓. Vous retirez 1,2 unité. Mais votre insuline de 14h n’est pas encore finie - elle agit encore. Résultat ? Vous vous retrouvez à 42 mg/dL à 19h. C’est ce qu’on appelle un « stacking » - un cumul d’insuline.
La règle : ne réduisez jamais votre dose de correction si vous avez encore de l’insuline en action. Vérifiez votre « insulin-on-board » (IOB) sur votre pompe ou votre application. Si vous avez encore plus de 1 unité en action, ignorez la flèche ↓↓ et attendez.
Autre erreur : ajuster pour une flèche ↑↑ juste après un repas. Ce n’est pas une erreur de dosage - c’est une erreur de timing. Si vous venez de manger, votre glycémie va monter. Attendez 45 minutes avant d’ajuster. Laissez l’insuline faire son travail.
Et les autres médicaments contre le diabète ?
Les flèches ne servent pas seulement à ajuster l’insuline. Elles sont aussi utiles pour les autres traitements.
Les SGLT2-inhibiteurs (comme Jardiance ou Farxiga) peuvent causer une cétose euglycémique : une glycémie normale (moins de 180 mg/dL) avec des cétones élevées. C’est dangereux. Si votre CGM montre une tendance stable (→) pendant plusieurs heures avec des cétones >0,6 mmol/L, votre médecin peut vous conseiller de réduire la dose de votre SGLT2-inhibiteur - surtout si vous êtes malade ou en jeûne.
Les GLP-1 analogues (comme Ozempic ou Trulicity) n’ont pas besoin d’ajustement basé sur les flèches - mais ils rendent les hypoglycémies plus rares. Si vous les prenez et que vous voyez une ↓↓, c’est probablement un signe que votre insuline est trop haute, pas que votre médicament ne marche pas.
Le rôle des applications et de l’IA
Les applications comme DAFNE+ (approuvée par la FDA en 2023) automatisent ces ajustements. Vous entrez votre glycémie, la flèche, et votre facteur de correction. L’application calcule la dose recommandée. Dans les essais, elle a réduit les erreurs de dosage de 62 %.
À l’avenir, l’intelligence artificielle va encore plus loin. Des plateformes comme Onduo de Verily utilisent des algorithmes pour prédire les baisses de glycémie 60 minutes à l’avance - bien avant que la flèche ↓↓ n’apparaisse. En 2022, une étude a montré 38 % moins d’hypoglycémies avec cette méthode.
Mais ces outils ne remplacent pas la compréhension. Vous devez savoir pourquoi l’application vous dit de faire un ajustement. Sinon, vous devenez dépendant - et vulnérable si le système échoue.
Comment apprendre à bien l’utiliser
La plupart des médecins ne vous apprennent pas cette méthode. Pourtant, la Société Endocrinienne recommande 15 à 20 minutes d’enseignement spécifique lors de la mise en place du CGM.
Voici comment apprendre efficacement :
- Session 1 : Comprenez votre insuline. Quand agit-elle ? Combien de temps dure son effet ?
- Session 2 : Apprenez à lire les flèches en lien avec vos doses récentes. Quelle flèche suit une dose de 10h ? Et une dose de 21h ?
- Session 3 : Pratiquez sur des scénarios réels. « Votre glycémie est à 160 mg/dL avec une ↑↑. Vous venez de manger 40 g de glucides. Quelle dose ajustée ? »
Des vidéos de Kerri Sparling ou des fiches imprimables de Dexcom sont des ressources gratuites et fiables. Demandez-les à votre éducateur en diabète.
Les chiffres qui parlent
En 2023, 78 % des personnes avec diabète de type 1 aux États-Unis utilisent un CGM. Mais seulement 44 % utilisent les flèches pour ajuster leurs doses. Pourquoi ?
- 47 % ont peur de se tromper
- 39 % n’ont pas reçu d’enseignement
- 14 % pensent que c’est trop compliqué
Les résultats ? Ceux qui utilisent les flèches voient une amélioration de leur temps dans la cible de 82 %. Ceux qui ne les utilisent pas ne voient presque aucun changement.
Et les médecins ? Seuls 31 % se sentent à l’aise pour enseigner cette méthode. C’est pourquoi la CDC et la Société Endocrinienne lancent des programmes de formation pour les éducateurs - avec l’objectif d’atteindre 75 % d’implémentation d’ici 2026.
Que faire maintenant ?
Si vous utilisez un CGM :
- Regardez vos flèches chaque fois que vous vérifiez votre glycémie
- Identifiez votre facteur de correction
- Utilisez les tables d’ajustement pour adultes ou enfants
- Ne réduisez jamais votre insuline si vous avez encore de l’insuline en action
- Parlez à votre éducateur en diabète pour une session de 20 minutes
Les flèches ne sont pas un gadget. Ce sont des outils de prévention. Elles vous donnent un avantage que les bandelettes ne peuvent pas offrir : la vue sur l’avenir. Et dans le diabète, prévenir, c’est vivre mieux.
Puis-je utiliser les flèches de tendance avec n’importe quel CGM ?
Oui, mais les valeurs d’ajustement recommandées (comme +0,8 ou -1,2 unités) ont été validées spécifiquement pour les capteurs Dexcom G5 et G6. Les autres marques (comme Libre 3) utilisent des seuils légèrement différents pour leurs flèches. Cependant, le principe général - ajuster selon la direction et la vitesse de la tendance - s’applique à tous les CGM. Vérifiez les manuels de votre appareil ou demandez à votre éducateur les ajustements adaptés à votre modèle.
Les flèches fonctionnent-elles pendant la nuit ?
Oui, et c’est là qu’elles sont les plus utiles. Une flèche ↓↓ entre 2h et 4h du matin est un signal d’alerte majeur. Réduire votre insuline de fond (ou votre dose de basal) de 0,8 à 1,2 unité peut éviter une hypoglycémie grave. Beaucoup de parents utilisent cette méthode pour protéger leurs enfants pendant le sommeil. Mais attention : si vous avez une dose de longue durée en action, vérifiez votre IOB avant d’ajuster.
Que faire si je ne connais pas mon facteur de correction ?
Votre facteur de correction est une donnée essentielle. Il se calcule généralement par la formule 1800 ÷ dose totale d’insuline par jour (pour l’insuline rapide) ou 1500 ÷ dose totale (pour les insulines longues). Mais la meilleure méthode est de le faire vérifier par votre équipe soignante. Si vous ne le connaissez pas, ne faites pas d’ajustements basés sur les flèches. Utilisez plutôt les méthodes classiques jusqu’à ce que vous ayez cette valeur.
Puis-je ajuster mes médicaments non-insuline avec les flèches ?
Pour les insulines, oui, c’est standard. Pour les autres médicaments, c’est plus nuancé. Les SGLT2-inhibiteurs peuvent nécessiter une réduction si vous avez une glycémie normale avec des cétones élevées (cétose euglycémique). Les GLP-1 analogues n’ont pas besoin d’ajustement basé sur les flèches - mais ils réduisent le risque d’hypoglycémie. Les autres traitements (metformine, sulfonylurées) ne sont pas directement ajustables avec les flèches. Consultez toujours votre médecin avant de modifier un traitement non-insuline.
Les applications automatiques remplacent-elles l’apprentissage ?
Non. Les applications comme DAFNE+ sont des outils d’aide, pas des remplaçants. Elles réduisent les erreurs, mais si vous ne comprenez pas pourquoi elles vous disent de faire un ajustement, vous risquez de vous fier à elles sans réflexion. Si l’application échoue, vous serez perdu. Apprendre la méthode manuelle vous donne un contrôle durable - même sans technologie.