Vitamine D et sclérose en plaques : prévention, traitement et faits essentiels

Vitamine D et sclérose en plaques : prévention, traitement et faits essentiels

Les chiffres explosent. Il y a plus de 130 000 personnes vivant avec la sclérose en plaques (SEP) en France aujourd’hui et le nombre ne cesse d’augmenter dans tout l’hémisphère nord. Les chercheurs se sont gratté la tête pendant des décennies : pourquoi voit-on autant de SEP dans les pays peu ensoleillés ? Quand on compare la Norvège ou le Canada, deux champions du froid, à l’Australie ou l’Espagne, il y a environ cinq fois plus de cas ! Cette différence laisse supposer que la lumière du soleil — et donc la vitamine D qu’elle aide à fabriquer dans la peau — pèse lourd dans la balance. Des neurologues affirment même parfois que la SEP suit une « carte du soleil ». Le lien avec la vitamine D ne fait donc plus beaucoup de doute. Mais comment cette vitamine, qui agit comme une hormone dans notre corps, influe-t-elle vraiment sur la SEP ? Et peut-on espérer la prévenir, voire la traiter, juste en remplissant notre quota quotidien de vitamine D ?

Vitamine D : coup de projecteur sur un acteur majeur du système immunitaire

On connaît la vitamine D pour son rôle dans les os, mais c’est une véritable star du système immunitaire. L’humain produit de la vitamine D quand sa peau capte les UVB du soleil, puis la transforme en une substance active : le calcitriol. Celle-ci agit sur les neurones, les muscles et surtout sur les globules blancs — cette armée de défense qui, quand elle déraille, attaque la myéline, l’enveloppe des fibres nerveuses. Chez les personnes ayant la SEP, cette protection est abîmée, coupant la communication entre le cerveau et le corps. La SEP est ainsi considérée comme une maladie auto-immune, où le système immunitaire s’emballe contre ses propres tissus. Et c’est là que la vitamine D entre en scène : elle calme les agressions et rééquilibre l’immunité, ce qui est capital dans toute maladie auto-immune.

Des études bien menées ont montré qu’un déficit marqué en vitamine D, notamment chez les enfants et adolescents, augmente le risque de développer une SEP plus tard. Prenons l’exemple frappant d’un travail publié dans JAMA Neurology en 2017, où les chercheurs ont suivi près de 800 000 nourrissons finlandais sur plus de 30 ans. Les enfants ayant un faible taux de vitamine D avaient deux fois plus de risques de développer une SEP à l’âge adulte que les autres. La France n’échappe pas à ce constat : entre 60 % et 80 % des Français manquent de vitamine D en hiver, selon Santé Publique France. C’est énorme et ça pousse à la réflexion, surtout chez ceux qui vivent au nord de la Loire ou qui passent plus de temps devant Netflix qu’au soleil.

Mais alors, prenez-vous vraiment assez de cette vitamine ? Les apports recommandés varient d’un pays à l’autre, mais l’Académie de Médecine française conseille un apport quotidien de 800 à 1000 UI pour un adulte. En pratique, cela veut dire qu’en hiver, la nourriture ne suffit pas pour couvrir nos besoins : il faudrait manger chaque jour 10 œufs (bonjour le cholestérol) ou boire un litre d’huile de foie de morue (beurk !). C’est là que la supplémentation entre en jeu. Notons aussi que l’obésité, la couleur de peau foncée et le fait d’utiliser un écran solaire réduisent la synthèse de la vitamine D, ce qui place ces personnes à plus grand risque de déficit. Vous vous reconnaissez ? Peut-être que votre médecin vous a déjà prescrit des ampoules de vitamine D.

Voilà quelques astuces toutes simples pour booster votre niveau de vitamine D sans vous ruiner :

  • Exposez votre visage et vos bras au soleil pendant 5 à 15 minutes par jour aux beaux jours (évitez le coup de soleil, bien sûr !).
  • Mangez du poisson gras comme le saumon et le maquereau au moins deux fois par semaine.
  • Pensez aux suppléments en automne et en hiver, en doses adaptées, sous avis médical.

Petite anecdote amusante : on disait autrefois aux enfants anglais « Va jouer dehors, tu éviteras les jambes arquées ! » — une manière de lutter contre le rachitisme, qui est la forme classique de carence en vitamine D. Mais la science va beaucoup plus loin aujourd’hui, liant un simple rayon de soleil à la santé du cerveau sur des décennies.

La SEP et la vitamine D : que dit la science ?

La SEP et la vitamine D : que dit la science ?

La relation entre la vitamine D et la sclérose en plaques ne s’arrête pas à la prévention. Les chercheurs étudient activement l’impact de la supplémentation chez les personnes déjà atteintes. Plusieurs équipes comme celle de la Harvard Medical School, relayée par la neurologue Anne Cross, ont remarqué que des taux sanguins de vitamine D supérieurs à 100 nmol/L sont associés à une baisse du risque de poussées et d’aggravation de la maladie. Un patient bien pourvu en vitamine D aurait environ 30 % moins de récidives que ceux qui en manquent.

Côté chiffres, on observe aussi des impacts sur le handicap à long terme : une cohorte norvégienne a montré que la SEP évolue plus vite chez les personnes avec une carence chronique en vitamine D. Les IRM cérébrales révèlent parfois moins d’inflammation et moins de nouvelles lésions chez les patients supplémentés. Est-ce que cela veut dire que la vitamine D « soigne » la SEP ? Pas tout à fait. Elle ne remplace ni les immunomodulateurs, ni les traitements de fond, mais elle s’ajoute à l’arsenal avec des effets souvent observés après plusieurs années. Il y a peu de médicaments aussi simples, économiques, et bien tolérés !

Une étude française pilotée à Lyon en 2023 a suivi 400 patients sur cinq ans : ceux dont le taux de vitamine D restait raisonnablement élevé voyaient en moyenne une progression plus lente de leur handicap. Ce n’est pas un remède miracle, mais une vraie corde de plus à l’arc thérapeutique. Voici quelques données intéressantes résumées :

Situation/Taux de Vit D Incidence SEP (par 100 000/an) Progression du handicap (échelle EDSS)
< 30 nmol/L (carence sévère) 20 x1,3 en 5 ans
50-70 nmol/L (taux moyen) 10 x1,1 en 5 ans
> 100 nmol/L (taux optimal) 4 x1 en 5 ans

On entend parfois dire que trop de vitamine D serait toxique. C’est vrai, mais seulement à des doses immensément élevées : il faudrait prendre 10 fois la dose recommandée pendant des mois pour voir apparaître des symptômes (fatigue, nausées, calculs rénaux). Dans les études cliniques, les patients qui suivent les prescriptions médicales n’ont pas rencontré de soucis majeurs. Inutile de jouer les apprentis sorciers !

Un autre point clé : la vitamine D semble surtout prometteuse pour celles et ceux qui ont vraiment des taux bas. Si votre bilan montre un dosage correct, il n’y a pas de raison de viser l’excès. Chez les personnes déjà atteintes de SEP, certains neurologues ajustent la dose selon l’âge, le poids, la saison et parfois les traitements au long cours qui modifient l’absorption intestinale.

« Les données ne justifient pas encore la supplémentation systématique, mais surveiller et corriger la carence reste indispensable », rappelle la Pr Catherine Lubetzki, cheffe du service de neurologie à la Pitié-Salpêtrière.

Reste la question du dépistage : faut-il vérifier son taux de vitamine D chaque année si l’on a la SEP ou des antécédents familiaux ? Oui, surtout si vous habitez dans un pays où la lumière manque, si vous êtes une femme jeune (les femmes sont touchées trois fois plus que les hommes !), ou si vous avez déjà eu un premier épisode neurologique inexpliqué (névrite optique, fourmillements, troubles moteurs). Un simple dosage sanguin suffit à repérer un déficit.

Et attention : les huiles de poisson en capsules, la plupart du temps, n’ont pas des doses assez élevées par rapport aux suppléments prescrits sur ordonnance. Ne jouez pas l’auto-médication hasardeuse : la vitamine D, c’est simple, mais pas anodin !

Conseils pratiques et questions brûlantes sur la vitamine D et la SEP

Conseils pratiques et questions brûlantes sur la vitamine D et la SEP

On entend encore beaucoup d’idées reçues sur la vitamine D. Peut-on vraiment « faire le plein » en vacances au soleil ? Pas tout à fait. La réserve musculaire ne tient que quelques semaines, pas tout l’hiver. Un bronzage n’est pas non plus un gage de bonne santé osseuse ou cérébrale, car la mélanine protège la peau des UV… et bloque aussi la synthèse de vitamine D. Les personnes à la peau mate ou noire doivent donc souvent supplémenter plus.

Voici quelques conseils très concrets pour garder le cap :

  • Demandez un dosage sanguin (25-OH-vitamine D) au moins une fois par an, plus si vous avez la SEP ou un facteur de risque.
  • Prenez de la vitamine D sous forme d’ampoule ou de gélules si votre taux descend sous 50 nmol/L, toujours sur prescription.
  • Adaptez les doses à votre poids, votre âge et votre exposition solaire : les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et les personnes obèses ont souvent besoin d’un peu plus.
  • Privilégiez les produits validés par votre médecin ou pharmacien, car certains compléments alimentaires sur Internet ne contiennent pas la dose affichée !
  • Gardez un mode de vie actif : marcher dehors, même en hiver, booste l’humeur et l’immunité, vitamine D ou pas.

Les apports alimentaires ne suffisent pas, mais chaque geste compte : un peu de soleil sur les avant-bras, un pavé de saumon, et hop, c’est déjà ça de gagné. Si vous prenez déjà des traitements immunomodulateurs pour la SEP, sachez qu’il n’existe pas d’interaction officielle négative avec la vitamine D selon la Haute Autorité de Santé. C’est un bonus préventif sans risque de surcharger le foie ou les reins, à condition de respecter les doses.

Enfin, une dernière info souvent sous-estimée : la vitamine D pourrait même renforcer l’efficacité de certains traitements contre la SEP. Des petits essais cliniques, comme en Suède ou en Allemagne, suggèrent qu’un taux adéquat limite les nouvelles lésions cérébrales visibles à l’IRM, tout en réduisant la sévérité des symptômes.

Vous avez peur d’oublier votre supplémentation durant l’été ? La plupart des médecins prescrivent désormais des formes « longue durée » à prendre une seule fois par mois ou par trimestre. C’est simple à intégrer dans la routine.

Bref, la vitamine D n’est sûrement pas une baguette magique, mais c’est une alliée incontournable pour toute personne concernée par la SEP ou qui souhaite limiter les risques. Trop de soleil ? Non, juste ce qu’il faut. Trop de vitamine D ? Non, mais assez pour ne pas rater la marche ! Le vrai conseil facile à retenir : sortez un peu, mangez équilibré, surveillez votre taux… et demandez conseil à votre médecin si vous hésitez. Une carence peut passer inaperçue des mois, mais coûter cher sur le long terme, surtout pour la santé du cerveau.